L'idée reçue qui coûte cher
"Le RGPD, c'est pour les grosses boîtes."
Cette phrase, je l'entends souvent. La réalité est différente : en 2024, la CNIL a prononcé 87 sanctions, dont 8 sur 10 concernaient des TPE et PME. Le nombre de contrôles a augmenté de 300% entre 2023 et 2024.
Un freelance qui envoie un devis et un email client est déjà concerné par le RGPD. La CNIL a infligé des amendes allant de 3 000 à 20 000 euros à des structures de cette taille. Le risque n'est pas théorique.
Mais la solution n'est pas une montagne de paperasse. C'est un système simple.
Les 3 piliers de la conformité RGPD
Pilier 1 : Le registre des traitements
L'objectif : savoir quelles données vous possédez, pourquoi, et pour combien de temps.
Le geste concret : un tableau simple. Colonne 1 : type de donnée (ex: "email client"). Colonne 2 : finalité (ex: "facturation"). Colonne 3 : durée de conservation (ex: "5 ans après la fin de mission").
C'est tout. Pas besoin d'un document de 50 pages.
Pilier 2 : La politique de confidentialité
L'objectif : informer vos clients et prospects de ce que vous faites de leurs données. C'est obligatoire sur votre site web.
Le geste concret : une page qui explique en français simple ce que vous collectez, pourquoi, combien de temps vous le gardez, et comment les personnes peuvent exercer leurs droits (accès, rectification, suppression).
Pilier 3 : Le plan de réponse aux incidents
L'objectif : anticiper les problèmes avant qu'ils n'arrivent.
Un jour, ça arrive : un PC volé, un email envoyé au mauvais destinataire, une fuite de données chez un sous-traitant.
Le geste concret : savoir que vous avez 72 heures pour notifier la CNIL en cas de violation de données à risque. Avoir des mots de passe solides et des sauvegardes régulières.
Ce qui a changé en 2025
La CNIL cible désormais prioritairement :
- Les sites e-commerce (données bancaires, comportementales)
- Les éditeurs de newsletters avec forte volumétrie
- Les plateformes SaaS et services à compte utilisateur
- Les agences marketing (cookies, analytics, remarketing)
Le message de la CNIL est clair : il ne suffit plus de dire que vous respectez le RGPD, il faut pouvoir le prouver à tout moment. C'est le principe d'accountability.
Plan d'action en 5 étapes
Étape 1 : Cartographier (1 heure)
Listez toutes les données personnelles que vous collectez.
Étape 2 : Créer le registre (30 minutes)
Un simple tableur avec : type de donnée, finalité, durée de conservation, qui y accède.
Étape 3 : Rédiger la politique de confidentialité (1 heure)
Publiez-la sur votre site. Soyez clair, concret, honnête.
Étape 4 : Sécuriser les bases (variable)
Mots de passe forts, authentification à deux facteurs, sauvegardes régulières.
Étape 5 : Documenter les procédures (30 minutes)
Que faire en cas de demande d'accès ? De suppression ? De violation de données ?
Le RGPD comme argument commercial
La conformité RGPD n'est pas qu'une contrainte. C'est aussi un argument de vente.
Un client qui voit que vous prenez la protection de ses données au sérieux a plus confiance. C'est particulièrement vrai en B2B, où les grands comptes exigent de plus en plus des preuves de conformité.
En résumé
Le RGPD pour un freelance ou une TPE, ce n'est pas 50 étapes. C'est 3 piliers :
- Le registre : savoir ce que vous avez
- La politique : informer les personnes
- Le plan : anticiper les problèmes
Le résultat ? Moins de stress pour vous, plus de confiance pour vos clients.